mercredi, avril 06, 2011

Fuck you Chellios !

Hyper Tension 2 (Crank 2) - Mark Neveldine & Brian Taylor, 2009




Le pitch du film est simple : Chev Chellios, héros du précédent volet, finit raide-mort après une chute d'hélicoptère. Sauf qu'un groupe de Chinois passait par là, lui implante un nouveau coeur fonctionnant sur batterie à la place du sien. Passablement énervé, il va partir à la recherche du son ancien palpitant, avec la nécessité de se prendre quelques décharges d'électricité pour continuer. Le premier volet était déjà passionnant dans sa manière d'aborder le film d'action dans son scénario même (Chellios devait sans cesse rechercher de l'adrénaline, c'est-à-dire faire advenir du matériau de film d'action, pour survivre), le second persiste et signe, continuant son exploration aux abords du méta-film d'action.

C'est donc reparti pour une heure et demi de courses infinies dans Los Angeles, influencée par tout ce que la sous-culture des années 1990-2000 a enfanté de pire : les clips MTV, "Pimp my Ride", le porno gonzo, les jeux vidéo, Google Earth, les émissions à la Jerry Springer et le pire des teen-movies à la American Pie (noter le nombre de blagues sur l'enfonçage dans le cul de tout ce qui peut passer par là, noter également le nombre de seins à l'air).

Crank 2 est au fond tellement mauvais (par excès de mauvais goût) qu'il en devient superbe, en ce qu'il incarne volontairement ce mauvais goût. Dans cette incarnation, Crank 2 va encore plus loin que le superbe et malade Domino de Tony Scott (avec Richard Kelly au scénario, excusez du peu). Là où ce dernier cherchait ce qui restait au cinéma dans sa confrontation avec la sous-culture télévisuelle des vingt dernières années, Crank 2 ne cherche plus à trouver les forces du cinéma cachées sous les débris, il utilise ces débris pour se fonder en tant qu'étendard culturel de notre génération.

Le diptyque Crank n'est en définitive rien d'autre que le manifeste d'un cinéma mutant et crade, embrassant la sous-culture et refusant l'héritage d'un cinéma engoncé dans son bon goût académique : "Vous trouvez cette sous-culture de mauvais goût ? Moi je l'aime (parce que j'ai vécu et grandi avec elle) et je vous emmerde !" Symbolique de cela, le doigt d'honneur d'un Chellios enflammé à la fin du second épisode vaut pour note d'intention.

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